Destin du quidam
Encore faut-il pouvoir s'affranchir sans ressembler pour autant à Joe Pesci
ou au gars qui finit dans le coffre de sa voiture. Aisées l'harangue et
la protestation, plus discutables seront les efforts pour garder son
timbre en terres étrangères.
Vous vous voyez plus facilement quitter le troupeau tranquille au petit
matin que vous n'apercevez les épreuves des lourds sommeils de rouille
qui vous guettent une fois débarassés de vos confortables oripeaux
chassieux.
Vous rappelez à vous vos heures d'école qui ne vous ont jamais rien
appris, vous vous prenez à regretter les roulades dans l'herbe et les
bonnes amies lactescentes que vous n'avez jamais troussées - pas faute
de désir pourtant; vous mirez une sève de vie que vous, malheureux,
n'arrivez pas à toucher.
Riche mais sans le sou vous pensez à la fin revenir à votre tranquille état de
cloporte abonné au gaz...Mais c'est tard et un air grave vous colle,
celui des responsabilités de l'honnête homme que vous êtes sans
l'avoir jamais décidé. Ni Pesci, ni rien. Un abruti de moderne anonyme.