Nouvelle adresse
Faites passer
Mercredi 8 Aout 1945. Le Monde. A la une.
Une révolution scientifique: Les américains lancent leur première bombe atomique sur le japon.
(Et on nous sert quoi cette année? Un peu plus de cynisme, de la soupe tiède, quelques louches sans conviction. D'ici quelques années, Hiroshima , les mégots de Sartre, l'Afrique n'auront jamais existé.)
(Ca n'a pas beaucoup de rapport, quoique: Je vais tuer Pitch de Rab.)
Merde. Elle a une gueule de connasse celle-là. Trop tard.
- Bonjour monsieur!
- Bonjour. Je voudrais 2..volluto et 2 levanto. Merci.
- Bien sûr! C'est à quel nom?
(...Pitch?)
- Pas de nom
- Ah
- Oui. C'est que ça fait beaucoup de papier tout ça.
...
-
Et..enfin...si c'est pour ne pas recevoir de mailing, j'ai une option
qui permet de ne rien vous envoyer mais de vous enregistrer, connaître
vos goûts et vous faire des suggestions la prochaine fois que vous
reviendrez. Vous aurez aussi la possibilité de cumuler des points qui
vous donneront droit à des déductions, gagner des tasses, blablabla
Mais justement ma ptite dame, vos mascarades j'en veux pas.
Elle est partie dans son délire, j'en profite pour partir dans les miens; je débranche et mate ses seins.
-...Monsieur? Je vous enregistre donc?
- Non.
- Bien. Vous voudrez un petit gateau?
- Non.
- Une dégustation de café?
- Non
- A votre service monsieur. Il vous faudra autre chose?
- Non. Si. Un sac, peut-être.
- Je vous souhaite une excellente journée.
Voix calibrée à la milliseconde, élève studieuse. Bien dommage cette connerie.
- Au revoir.
Rideau.
Pause café.
Je suis revenu d'une semaine d'ailleurs, le corps exténué et les bras morts.
J'ai l'esprit en goguette, la fatigue d'une muguette mais mon appartement comme neuf.
Quelques photos? Peut-être. Une fois les cartons en benne.
Si
au grand dam des esprits graveleux habitués du lieu j'ai rarement parlé
ici de mes explorations particulières, j'en conviens bien, voilà que ça
change.
Comme co-étoile de cette superproduction, une grande cadre
dans une grande banque. Tailleurs stricts et regards serrés de celle
qui habituellement épuise les zéros sans sourire jamais, la grande dame
qui ne boit que du champ' s'appelle Anne.
Rencontre
banale, dans une des adresses de la rive gauche. Badinages de moins en
moins inoffensifs, jusqu'à ce qu'elle me prie de les laisser, elle, son
officiel, son chien, sa vie, ses doutes: Que nenni, madame, maintenant
que mon attention est gaillarde, venez donc m'arrêter.
Mes arguments
font vite mouche, mon intéret n'est plus contesté une fois vérifié par
la Grande Anne malgré le lieu, l'endroit, les autres tout autour. Je me
surprends à chantonner que la nuit, Annie doit bien aimer les sucettes,
comme dit l'autre, mais je remets le feu d'artifice à plus tard et
rentre chez moi, sifflotant toujours.
Bref, que du très normal jusqu'à ce que jeudi arrive.
Jeudi
justement. Ca commence par son champagne et mes bières, rive droite
cette fois. Ca cause, trop à mon goût. L'heure qui tarde, cette pire
ennemie, m'envoyait tout droit abréger l'entrevue.
La première
étreinte dans la rue fut pourtant la bonne. Un scénariste tordu et
mauvais n'aurait pas placé cette porte ici, qui s'ouvre sous notre
pression involontaire et nous introduit dans la copropriété de
travailleurs déja ronflants.
Mes baisers en cascade dans l'obscurité
sont vite rythmés par ses respirations accelerées, son fil aussi vite
baissé que son fut' déboutonné. Mes approches manuelles très
chaleureusement accueillies, je continue comme l'hardi chevalier qui
dirige ses conquêtes en terres sacrées.
Lorsque ses mains
m'agrippent là où la prise est la plus ferme et que nous pensons en
même temps à des carences dans notre logistique prise au dépourvu, nous
convenons tacitement d'aller sur ce mode jusqu'au bout, elle d'abord,
puis moi, au milieu de quelques forts soupirs.
Sur le chemin du retour, peu de mots. Un jazz, Rollins je pense, comme prolongation d'un moment très agréable alors que je sais déjà que la parfaite élégance m'obligera à rester sur ces harmonieuses douces et sauvages musciales.
/Quoi? J'ai jamais su boire la vie avec une paille./
Ca commence sur une plage d'Oranie ondulée d'andalouses,
s'invite dans un frisquet de nocturne aux sables d'erg.
Face sud, la passagère se marie à la nervosité du blues,
prend le salin de larmes de nostalgie.
Le temps dévalé croûte les murs de pisé, libère les notes d'amertume pilées au son du sirocco rythmique.
Ce sont les voix d'une histoire toujours connue,
les routes d'un timbre aux dents abimées:
Cette inconnue, preuve et noire,
est la conscience rongeuse évadée de terres oubliées.
Diaraby - Ali Farka Toure et Ry cooder
Tout part de l'alphabétique, par auteur, ordre logique qui s'impose à soi sans effort et qui pourrait tout régler.
Pourrait, car cette logique sied bien mal aux subjectivités, tant et tant nombreuses étant les miennes.
Alors
on fait des rangées particulières...et de gauche à droite, ce qui n'est
pas de première évidence lorsqu'on lit dans les 2 sens...
Ceux qu'on emporterait dans sa citadelle,
Les piles d'attente,
Les romans, nouvelles, et autres fictions,
Les traités de sciences humaines où règne la souveraine philo,
Les poetes,
Les Pléiade-Mmm..- et autres oeuvres complètes,
Les beaux-livres, les livres d'art et livres d'artiste (pour ces derniers, c'est pas le nombre qui ira me géner )
Et enfin, Les bandes-dessinées.
Plus
loin, moins accessibles, les littératures de genre, policiers et
science-fiction, les livres dont on n'est pas encore totalement sûr,
encore plus loin les livres oubliés ou soigneusement disposés dans
l'appartement qui attendent patiemment leur heure, et enfin à la
poubelle les grosses merdes rusées qui arrivent encore à passer
les murs de fer pourtant soigneusement dressés.
C'est comment chez vous?
Bidasses au pas ce matin. Les "responsables", dignes et graves ne
sourient pas et apprécient en vieux renards pas encore fatigués la
qualité du geste, le millimétrage de l'action.
Soleil de plomb, on
montre ses forces comme des canines. Le costume bleu foncé à la cravate
sombre protégé par un dispositif de 5000 hommes salue la foule (mais
que fout-elle ici cette foule?), est accueilli par
Galouzeau-les100jours dans un énième élan de poésie comme dira Match,
et par Madame Alliot-Marie que j'imagine pas du tout grande muette, ahaner une-deux, une-deux, en
accompagnement de ses majeurs mouvements nocturnes.
Je suis mauvaise langue.
Ptêtre.
Et puis la surprise-déception du jour, Lula sans danseuses
ni footballeurs mais avec ses phrases de la veille, celles qui
regrettent la surenchère de la violence.
Que fout-il ici lui aussi, bien visible, qui déclarait à la Sorbonne à propos du sommet du G8, «Je n'ai pas compris, à l'aéroport, on nous a embarqués dans un
hélicoptère pendant trente minutes avant de nous enfermer dans un hôtel
totalement coupé du monde. Si nous étions là pour faire du bien,
pourquoi nous cacher ?»
Eh
bien coco, tu rendais hommage à la poudre, au pouvoir et à ses
vertiges, aux usines de mort et à la ringardise. Pour faire du bien?